"Le téléphone portable est un signe extérieur de détresse." Pascal Sevran
Le portable, chapelet des temps modernes. Illusion de communication. Quand fatiguée des livres et de la musique, je veux entendre le doux bourdonnement du bavardage, je veux m’embarquer dans une discussion bateau, papoter, parler du froid qu’il fait, des plans de week-end que l’on va annuler de toutes les façons, essayer de me rappeler des blagues entendues il y a dix ans…
Je surfe sur le répertoire de mon téléphone, je décide d’y faire le ménage. Je tue symboliquement une douzaine de personnes. Les victimes ? il y a de tout … des mecs qui ont jeté à coup d’œil dans mon petit monde et puis décidé qu’ils n’avaient pas envie de trop se faire chier et surtout des mecs que je n’ai vu qu’une fois, vite démasqués, drivés par leur que-quête de la fille facile, celle qui habite leur imaginaire XXLisé, celle qui ouvre la porte en déshabillé de dentelle, un verre de champagne à la main et un préservatif à la fraise entre les dents, il y avait aussi un vague cousin rencontré par hasard que je n’appellerai jamais, une fille rencontrée sur Internet qui ne sera jamais ma meilleure amie, ni mon amie tout court … Massacre à la touche « delete ».
J’ai mon portable à la main. J’ai éliminé les éliminables. Je remonte de Z à A puis je descends de A à Z, J’appelle. Ceux que j’appelle sont ou bien avec leur copains/copines, avec leurs amis, malades.
Je me fait une raison. Je rouvre mon livre du moment « Ensemble c’est tout » d’Anna Gavalda. http://www.evene.fr/livres/fiche.php?id_livre=10582
Je m’y glisse comme dans une chaude et douce couverture. Je mets un disque de Dave Matthews Band. Pas de Margarita ce soir, une tisane. Je me recroqueville et me dis qu’après tout, c’est aussi ça la vie.